1- Pour quel usage ?

Si la vidéo-projection évoque immédiatement le « home cinéma », les vidéoprojecteurs peuvent être utilisés dans d'autres contextes. À ces différents usages correspondent des types et des formats de matériel différents. En premier lieu, il convient donc de déterminer quelle sera l'utilisation principale du vidéoprojecteur.

• Home cinéma

Afin d'obtenir la meilleure image possible avec une belle diagonale d'écran, on privilégie la résolution. On pourra se tourner vers du Full HD (1920 x 1080 pixels), voire de l’Ultra HD (3840 x 2160), notamment pour profiter d'un lecteur Blu-ray UHD ou de séries et films diffusés dans ce format sur les services de vidéo à la demande. Pour un usage cinéma à la maison, on privilégiera un contraste élevé (au moins 2000 :1) à une forte luminosité pour un meilleur rendu, et il est essentiel de pouvoir obscurcir la pièce. Dans ce contexte, une luminosité de 1 000 lumens suffit mais un mode lampe haut (à plus de 1 500 lumens) peut s’avérer utile pour les autres utilisations. La connectique se fera en HDMI pour se raccorder à un lecteur ou une box TV. En Ultra HD, la norme HDMI 2.0 ou supérieur permet un débit élevé de 60 images / secondes.

A propos de l'appellation 4K, les fabricants appellent parfois abusivement 4K ce qui est en réalité de l'Ultra HD (3840 x 2016). La véritable résolution 4K cinéma est un peu plus grande, avec un format de 4096 x 2160 pixels. Cette différence se retrouve dans les vidéoprojecteurs, les modèles 4K cinéma étant bien plus onéreux.

• Jeux vidéo

Un vidéoprojecteur permet de s’immerger totalement dans un jeu vidéo grâce à la grande taille de l’image et le fait que l’on puisse s’en approcher. Les consoles PS4 Pro, PS5, Xbox One S et X sont capables de délivrer un affichage Ultra HD et certains jeux sont désormais à se format nativement, les autres seront mis à l’échelle. Pour autant, un projecteur adapté au jeu et à ce format est onéreux. On pourra très bien se contenter d’un modèle en Full HD, de toute manière suffisant pour les consoles plus anciennes et la majorité des jeux. On considère souvent qu'un bon projecteur pour le home cinéma est un bon projecteur pour le jeu. C'est vrai concernant la qualité de l'image, mais ce dernier devra également être assez réactif pour qu'il n'y ait pas de décalage (latence) entre les actions du joueur et l'affichage. Pour cette raison, certains vidéoprojecteurs disposent d'une fonction gaming. C'est notamment à vérifier sur les vidéoprojecteurs sans fil, pratiques pour éviter les câbles, mais parfois peu réactifs. Pour le jeu vidéo, la luminosité est un critère plus important qu’en home cinéma car de nombreux jeux sont très sombres et on voudra souvent pouvoir jouer sans obscurcir la pièce.

• Bureautique

Pour une projection de documents et de tableaux, pas besoin d'une qualité d'affichage exceptionnelle si ce n'est un contraste suffisant. Les critères importants sont la possibilité de projeter sans grand recul (focale courte) et la présence d'une connectique permettant de se brancher facilement à un ordinateur, une tablette ou un smartphone, tout en sachant qu’une prise HDMI peut suffire car il existe ensuite des adaptateurs vers tous les autres formats. On pourra également gagner en maniabilité lors des présentations si le matériel dispose d'une télécommande pratique. Ces vidéoprojecteurs légers et abordables ne sont en revanche pas très fluides et surtout conçus pour les images fixes lors d'une présentation de documents. La luminosité est également un critère important pour éviter de devoir obscurcir la pièce.

• En déplacement

Depuis peu, on trouve des appareils dit « pico-projecteurs » pouvant tenir dans la main. De tels projecteurs sont tout à fait indiqués pour la bureautique. Dotés d'une résolution pouvant aller jusqu'au Full HD (1080p), ils pourront aussi être emportés sur le lieu de vacances pour regarder des vidéos. Véritable prouesse technologique, inimaginable il y a peu, le pico-projecteur se destine pour l'instant à la projection sur de petites surfaces. Avec une taille d'image de 100 cm de diagonale, ils sont plutôt à envisager comme un écran de substitution. Certains pico-projecteurs fonctionnent sur batterie et sont donc indépendant de toute prise de courant.

2- Les différentes technologies

L'image projetée par un vidéoprojecteur met en œuvre diverses technologies d'affichage. Les principales sont le DLP, le LCD et le Laser. Une technologie dérivée du DLP, appelée LCoS, se rencontre chez des constructeurs comme Sony et JVC. Nommées chez eux respectivement SXRD et D-ILA, elles combinent les avantages du DLP et du LCD mais sont aussi plus onéreuses.

• Technologie DLP

Basées sur l'utilisation d'une matrice composée de micro-miroirs, les puces DLP (Digital Light Processing) sont couramment utilisées par de nombreux constructeurs. On apprécie des noirs profonds et un excellent piqué général, notamment dû à l'absence de flou de mouvement qui ravira les amateurs de jeux vidéo. Les images issues de cette technologie sont flatteuses, naturelles et contrastées mais souffrent parfois d’un manque de luminosité. Le DLP ne convient pas à tout le monde car certaines personnes seront sensibles à leur effet arc-en-ciel qui apparait sur l'enchainement de scènes très lumineuses. Le DLP est une technologie adaptée au home cinéma et au jeu vidéo si on n’est pas sensible à l’effet arc-en-ciel et que l’on ne recherche pas une forte luminosité.

• Technologie LCD

La technologie LCD, ou plus exactement tri-LCD pour les projecteurs, est basée sur le même principe que sur les téléviseurs. Les matrices LCD laissent plus ou moins passer la lumière de la lampe située derrière. Cette technologie permet une forte luminosité. Elle procure des images détaillées et éclatantes mais en retrait sur la profondeur des noirs. Le flou de mouvement peut s’avérer plus prononcé ce qui peut être pénalisant pour le sport ou les jeux vidéo. Cependant, les récents progrès des fabricants spécialisés ont permis de proposer des projecteurs tri-LCD tout à fait adaptés au home cinéma.

• Technologie Laser

Encore relativement onéreuse, cette technologie offre une luminosité exceptionnelle. Un atout lorsque la pièce où l'on projette est trop claire. L'image est également très fidèle d'un point de vue colorimétrique.

• Technologie LCoS

Empruntant aux technologies DLP et LCD car utilisant des matrices constituées de cristaux liquides et non plus de miroirs, le LCoS propose la meilleure qualité d'image avec cependant un léger flou de mouvement. On trouve des appareils Full HD et Ultra HD dès le milieu de gamme et jusqu'au matériel le plus onéreux répondant aux standards des salles de projection. JVC et Sony fabriquent eux-mêmes leurs puces. Plutôt que LcoS, elles y sont respectivement nommées D-ILA et SXRD. Si votre budget le permet, ce sera le meilleur choix pour combiner home cinéma et usage universel sans avoir à obscurcir la pièce. En effet, l’image est précise, naturelle et contrastée, tout en étant lumineuse avec des noirs profonds.

3- Les divers critères de choix

• Source lumineuse

Si le prix des projecteurs est en baisse régulière depuis des années, attention cependant à celui de la source lumineuse qui s'use dans le temps et dont le remplacement peut coûter de cent à plusieurs centaines d'euros. Selon les modèles, cette source peut être une ampoule UHP (Ultra Haute Pression), un laser ou encore des LED. Tous ces types d'éclairage n'offrent pas la même luminosité ni la même durée de vie.

La lampe UHP est le type d'éclairage le plus couramment utilisé. Elles peuvent fonctionner 10 000 heures ou plus, soit 5 à 10 ans d'utilisation. Elles ont l'avantage d'être moins onéreuses. En revanche, comme elles chauffent beaucoup, elles nécessitent un gros ventilateur. Ce dernier rend parfois certains modèles assez bruyants.

Les lasers et LED : avec une durée de 20 000 à 30 000 heures, ces deux types d'éclairages récents durent de 2 à 3 fois plus longtemps qu'une lampe UHP mais valent le double. Sur un modèle haut de gamme, la facture peut donc rapidement monter à plusieurs centaines d'euros.
Comme ils chauffent beaucoup moins qu'une ampoule haute pression, les LED et lasers autorisent un fonctionnement bien plus silencieux.

• La luminosité

Exprimée en lumens, la luminosité détermine la capacité qu'a le vidéoprojecteur à diffuser une image aux couleurs franches, même lorsque la pièce n'est pas dans le noir complet.
Malheureusement, les fabricants ayant tous leur manière de compter, il est compliqué de donner des valeurs précises, d'autant que selon la technologie (LCD, LDP, etc.), on ne compte pas ces lumens de la même façon. Il est pour cela important de pouvoir se rendre dans un magasin pour voir l'appareil fonctionner. Cependant, on peut fixer quelques valeurs approximatives. Pour un usage home cinéma dans le noir, 1000 lumens suffisent. Pour regarder dans une pièce assombrie, mieux vaut disposer de 1500 lumens. Pour regarder en plein jour, il faut approcher ou dépasser les 2 000 lumens.

• Le contraste

C'est le rapport entre le noir le plus noir et le blanc le plus blanc d'une image. Ce rapport est exprimé sous la forme d’un ratio de type 800:1, 2000:1, etc. Plus celui-ci est important, plus l'image sera contrastée. Au minimum, on pourra se contenter de 1000:1 mais pour une utilisation home cinéma, il faut viser plutôt 2000:1 ou plus.

• Le bruit

Un vidéoprojecteur fortement ventilé car équipé d’une lampe UHP sera plus bruyant que s'il est équipé de LED ou d’un Laser. Cependant, les constructeurs on fait de gros progrès et actuellement la norme en home cinéma se situe sous les 40 dB(A). Selon l'emplacement de l'appareil pendant la projection, voire l'emplacement du ventilateur sur l'appareil, le bruit ne sera pas perçu de la même façon. Attention aussi au mode de la lampe. La plupart des modèles proposent un mode bas assez silencieux et un mode haut bien plus bruyant. Ce n’est pas un problème en soi car en home cinéma on privilégie le mode bas mais on pourra avoir recours au mode haut quand c’est nécessaire, par exemple pour regarder sans assombrir.

4- Les conditions d'utilisation

• Éclairage de la pièce

En matière de vidéo-projection, on a le choix entre obscurité complète ou pénombre. Même avec un matériel offrant une luminosité et un contraste exceptionnels, une projection en plein jour n'offrira jamais une expérience entièrement satisfaisante.

• Typologie de la pièce

La situation idéale est de pouvoir fixer le projecteur au plafond pour projeter sur un mur ou un écran situé en face. Dans ce cas, tous les projecteurs seront adaptés. Mais le plus souvent, il sera difficile d’être pile en face, que ce soit pour l’axe horizontal ou vertical. Si on est décalé, il faut opter pour un projecteur muni du lens shift qui peut être plus ou moins important selon les modèles et les technologies. Il permet de corriger un décalage de l’axe pour une image toujours parfaite. Autre point important lorsque le projecteur est plus haut ou plus bas que l’image, c’est l’apparition de l’effet de trapèze avec des côtés de l’image qui convergent alors vers le haut ou le bas. Dans ce cas, il faut vérifier que le projecteur convoité est bien équipé de cette possibilité de réglage aussi appelée keystone. A signaler aussi que les réglages de lens shift et de focus peuvent se faire directement par des molettes sur le projecteur ou plus pratique en électrique commandés depuis la télécommande.

• Taille de l'image et recul

Le recul d'un vidéoprojecteur se calcule en divisant la distance entre l'écran et le vidéoprojecteur par la largeur de l'image. Toutefois, comme la taille maximale de l'image dépend du type d'appareil, de sa luminosité et que le recul recommandé varie selon la résolution (HD, Full HD ou Ultra HD), il est préférable de s'en remettre à un calculateur sur Internet comme celui-ci.

Si l'on ne dispose pas d'assez de recul, on peut se tourner vers un vidéoprojecteur à très courte focale. Avec certains modèles, on peut ainsi placer l'appareil en bas de l'écran. Cela règle aussi le problème de l’accroche au plafond et des câbles par la même occasion.

• L'écran

C'est une part importante du budget. Lorsque l'on dispose d'un mur blanc et lisse, il est tentant de l'utiliser. C'est plus économique, mais toute médaille ayant son revers, il y a des avantages à préférer un écran.

Lorsque celui-ci est de qualité, il restitue une meilleure image, sans absorber ou diffuser la lumière. Cette particularité s'appelle le gain. Pour une utilisation home cinéma, il convient de vérifier que ce gain indiqué par le fabricant est de 1 ou 1.1. Lorsque la pièce est un peu claire, on pourra monter jusqu'à 2.5.

L'écran offre également un cadre visuel lorsqu'il est bordé de noir, ce qui est préférable. Cela facilite par ailleurs le réglage de l'image.

Concernant le matériau, on peut opter pour un écran en PVC mat (gain de 1 à 1.2) qui a l'avantage d'être solide et de se nettoyer facilement. Lorsque l'écran est particulièrement grand, on peut lui préférer la fibre de verre, plus épaisse, qui garantira une parfaite planéité.
Pour les pièces trop claires, on pourra se tourner vers des toiles perlées. Celles-ci disposent d'un gain important mais sont plus fragiles.

A signaler aussi qu’il existe des peintures spéciales pour le mur et sinon il faut privilégier un blanc satiné de bonne qualité.

• Le son

Pour que l'expérience soit complète, une installation home cinéma doit aussi restituer un son de qualité. Si l'on ne souhaite pas se lancer dans une installation compliquée, on pourra choisir de s'équiper d'une barre de son, placée en bas de l'écran. Les modèles actuels, très performants, sont composés de plusieurs types de haut-parleurs et sont souvent sans fil. On peut aussi dans certain cas y adjoindre un caisson de basse ou des enceintes supplémentaires. Une autre possibilité est de se tourner vers une chaîne stéréo tout-en-un vendu avec un pack d'enceintes.
Enfin, pour une qualité irréprochable, on s'équipera d'un amplificateur spécialement conçu pour le home cinéma 5.1 ou 7.1, donc accompagné d’une enceinte centrale, de deux enceintes à l’avant, deux à l’arrière et d‘un caisson de basse (5.1), avec en plus deux enceintes sur les côtés en 7.1. Capable de décoder de nombreux formats audio (Dolby Digital, Dolby Atmos, DTS…), ce type de matériel n'a de sens qu'avec un vidéoprojecteur haut de gamme.